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Le postier
Charles Bukowski
Ça a commencé par erreur.
C'étaient les fêtes de noël
et j'avais appris par le pochard en haut de la côte,
qui faisait le coup à chaque noël,
qu'ils embaucheraient carrément n'importe qui,
alors j'y suis allé et sans avoir le temps de réaliser
je me suis retrouvé avec une sacoche en cuir sur le dos
à cavaler comme bon me semblait.
Parlez d'un boulot, que je pensais.
Peinard !
Ils vous donnaient juste un ou deux pâtés de maison à faire
et si vous arriviez à finir,
le facteur titulaire vous en donnait un autre à distribuer,
ou alors vous pouviez rentrer et le chef vous en donnait un autre,
mais surtout vous preniez bien votre temps
pour fourrer ces cartes de noël dans les fentes.
Je crois que j'en étais à mon second jour comme intérimaire de noël
quand cette grosse bonne femme est sortie
et s'est mise à marcher avec moi pendant que je distribuais les lettres.
Ce que je veux dire par grosse
c'est qu'elle avait un gros cul, des gros nichons
et qu'elle était grosse à tous les endroits qu'il fallait.
Elle avait l'air un brin toquée
mais je continuais de regarder son corps et je m'en foutais.
Elle causait et causait et causait.
Ensuite elle l'a quand même sorti.
Son mari était officier sur une île lointaine et elle se faisait seule,
vous savez ce que c'est,
et elle habitait tout seule dans cette petite maison là-derrière.
" Quelle petite maison? " j'ai demandé.
Elle m'a écrit l'adresse sur un bout de papier.
" Moi aussi je me sens seul ", j'ai fait,
" je passerai ce soir et on causera ".
***
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" Et c'est pas fini "
– La p'tite dame katgé de SFR –
" Parce que je n'ai pas réussi à éliminer le premier bien que ma préférence aille au second "
– B[LUDO]G –
Women
Charles Bukowski
J'avais cinquante ans
et n'avais pas couché avec une femme depuis quatre ans.
Je n'avais pas d'amies femmes
Je les regardais quand j'en croisais une dans la rue ou ailleurs,
mais je les regardais sans désir,
avec une impression de futilité.
Je me masturbais régulièrement,
mais l'idée d'entretenir une relation avec une femme
– même sans rapports sexuels –
dépassait mon imagination.
J'avais une petite fille de six ans, née hors mariage.
Elle vivait avec sa mère, à qui je versais une pension alimentaire.
Je m'étais marié des années auparavant, à trente-cinq ans.
Mon mariage avait duré deux ans et demi.
C'est ma femme qui avait demandé le divorce.
Je n'avais été amoureux qu'une seule fois.
Elle était morte d'une cirrhose.
Morte à quarante-huit ans
alors que j'en avais trente-huit.
Ma femme avait douze ans de moins que moi.
Je pense qu'elle aussi est morte maintenant,
mais je n'en suis pas sûr.
Pendant les six années qui ont suivi le divorce,
elle m'a écrit une longue lettre à chaque noël.
Je ne lui ai jamais répondu...
Je ne me souviens plus très bien
quand je vis Lydia Vance pour la première fois.
C'était il y a six ans environ,
je venais de plaquer mon boulot de postier,
que j'exerçais depuis douze ans,
pour essayer de devenir écrivain.
J'étais terrifié et buvais plus que jamais.
Je me battais avec mon premier roman.
Chaque nuit, en écrivant,
je descendais une demi bouteille de whisky
et deux packs de six bières.
Je fumais des cigares bon marché,
tapais à la machine,
picolais et écoutais de la musique classique à la radio jusqu'à l'aube.
Je m'étais fixé un objectif de dix pages par nuit,
mais je ne savais jamais avant le lendemain
combien de pages j'avais noircies.
Au petit matin,
je me levais de ma chaise,
allais vomir,
puis retournais dans la pièce de devant
pour compter les pages étalées sur le divan.
Je dépassais toujours les dix.
Parfois il y en avait dix-sept, dix-huit, treize ou vingt-cinq.
Naturellement, il fallait dégrossir ou même jeter le travail de chaque nuit.
J'ai écrit mon premier roman en vingt-et-une nuits.
***
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