Il ne reste plus qu'à convaincre mes chefs.
Éric Abrahamson.
C'est un professeur de management américain,
auteur de " Théorie de la désorganisation et comportement désorganisationnel:
vers une étiologie des désordres ",
et d'un livre au titre légèrement plus facile à comprendre,
"
Un peu de désordre = beaucoup de profit(s) ",
paru en France chez Flammarion.
Je ne l'ai pas lu,
je ne le connais que par résumé.
Après avoir identifié et étudié différents types de désordres,
Abrahamson a découvert qu'un salarié désordonné
pouvait se révéler à la fois plus productif, plus imaginatif et plus utile à l'entreprise
que ses collègues les plus maniaques.
Le bureau de l'employé idéal mâle.
Le bureau de l'employée idéale femelle.
D'après Abrahamson, cela fait justement de lui
le salarié le plus efficace de son entreprise.
Plus productif, car il peut se consacrer entièrement à sa tâche.
Pas de temps perdu à réorganiser son espace de travail
ni à se déplacer pour ouvrir et fermer des armoires.
Surtout, son désordre ne serait qu'une forme très particulière d'ordre,
plus personnelle mais aussi plus efficace.
Ainsi, un salarié désordonné mettrait 36% moins de temps que ses collègues
à retrouver les documents dont il a besoin.
Tout simplement parce qu'empiler les papiers en vrac devant soi
permet de les garder à portée de main.
L'adversaire du rangement est aussi plus imaginatif :
par définition, il n'aime pas ce qui rentre dans les cases.
Sous ses yeux,
les informations et les documents les plus variés s'accumulent et se mélangent.
Les associations d'idées qui en résultent
peuvent déboucher sur des initiatives audacieuses ou des innovations majeures.
On prête à Einstein cet argument imparable :
" Si un bureau en désordre dénote un esprit brouillon, que dire d'un bureau vide ? ".
Le dernier avantage identifié par Abrahamson n'est pas à négliger;
le désordre peut conforter son statut dans l'entreprise,
voire accélérer sa carrière.
Le cadre désordonné est le seul à savoir
où se cachent les rapports ou les bilans comptables qui lui ont été confiés.
Il se rend ainsi indispensable au bon fonctionnement de l'entreprise.
Gaston Lagaffe
va finir directeur des Éditions Dupuis.
*
Je ne vous embêterai ni avec les icônes présentes sur mon écran
(qui sont rangées de façon à ce que je retrouve tout, mais ça personne ne le comprend)
ni avec le contenu de mes tiroirs,
sachez juste qu'entre yoyo, jeu d'échecs, avion en balsa et autre joyeusetés
s'y trouve conservée la pièce maîtresse,
une photo d'Angela Merkel arborant un décolleté ravageur.
Par contre sachez que mon bureau agace les chefs et certains collègues
(j'ai heureusement d'autres collègues de travail
qui méritent également le titre d'employé idéal).
On y trouve de tout.
Toutes sortes de documents sur papier,
toutes sortes d'aide-mémoire sur papier A6 et plus petit
ou sur post-it de différents formats,
des mots de passe griffonés de façon que même moi je n'arrive plus à les déchiffrer,
des livres techniques,
CDs, DVDs, et même des disquettes datant de la préhistoire du PC,
mes cartes de visite et les cartes de visite des visiteurs passés me voir,
des journaux gratuits,
des petites assiettes à dessert ramenées de la cantine
et que j'oublie toujours de rapporter,
ma tasse à café,
ma boule cigogne qui neige quand on la secoue,
mes petites figurines Simpson,
des marrons souvenirs de cimetières célèbres,
une petite bouteille, cadeau d'un touriste revenant de Cuba
et qui contient encore toujours un fond de rhum,
une fève porte-bonheur,
un tampon "pli non urgent" qui ne me sert jamais, mais que j'adore,
et surtout, surtout,
ce dont je suis le plus fier
et qui provoque toujours l'admiration de mes collègues de passage,
ma collection de boules de souris que je conserve dans une petite boîte en carton.
Et c'est plus lourd qu'on ne croit ces petites boules.
Au pif la boîte (environ 18 x 12 x 8 cm) doit peser autour de cinq kilos.
*
Après avoir fait jouer mes relations,
je sais maintenant que j'ai 4,225 kilos de boules de souris.