Géo et cathé.
Ce que vous voyez là c'est un projecteur Camérafix.
Seuls les plus âgés d'entre vous ont dû connaître ça.
C'est ce qu'on appelle un projecteur de vues fixes.
C'est comme des diapositives,
sauf que les images ne sont pas dans des passe-vues,
mais en rouleau sur un film de 35 mm.
Ces images pouvaient être des dessins ou des photos.
Ces films étaient rangés
dans des petites boîtes en carton, en métal ou en plastique.
Beaucoup d'enfants de mon âge
ont dû connaître leurs premiers émois cinématographiques
grâce à cette petite boîte métallique noire.
Qui chauffait beaucoup
et répandait une odeur caractérstique de métal chauffé
pendant son fonctionnement
(madeleine...).
Un fonctionnement basique.
Une ampoule, une lentille,
et entre les deux le rouleau de film que le projectionniste faisait avancer à la main.
Le projectionniste, parlons-en.
C'était le plus souvent un enseignant.
Dès qu'il sortait discrètement l'appareil de l'armoire,
c'était un cri dans la salle de classe:
" Y'a ciné ! ".
Il s'en servait pour rendre
l'histoire, la géographie ou les sciences plus intéressantes.
Ça a dû marcher pour certains.
Moi je passais mon temps à regarder le projecteur.
Le but escompté n'était pas atteint.
Ces bobines éducatives étaient parfois achetées par l'école.
Mais les industriels et les lobbies en tous genres
ont vite compris l'intérêt qu'ils pouvaient tirer en fournissant
ces petits films gracieusement aux écoles.
Ainsi on avait droit à des petits films sur la voiture offerts par Renault,
sur le caoutchouc par Hutchinson,
sur la banque par la Caisse d'Épargne ou le Crédit Lyonnais, etc.
Mais plus surprenant,
et ça doit faire hérisser les cheveux
sur la tête des éducateurs du XXIe siècle,
j'ai eu droit entre autres aux vins de Champagne (si,si),
et à la propagande Kronenbourg
qui nous expliquait les bienfaits de la bière, etc.
(la bière, une boisson saine...)
Quelques extraits de cette bobine:
Si quelqu'un veut un jour
tenter l'expérience en présence d'un inspecteur,
je tiens tout le matériel à disposition...
Le projectionniste, ce pouvait également être un curé qui,
pour rendre son enseignement religieux plus attrayant,
nous projettait sur l'écran
des vues pour agrémenter ses explications catéchistiques
(je ne savais pas que ce mot existait).
La dernière onction en film fixe, je conseille.
Et si on était bien sages, on avait droit à quelques bobines récréatives.
Des histoires de Walt Disney,
ou d'un héros de BD de l'époque,
et surtout, surtout, les aventures de Tintin.
Et là, c'était le bonheur.
Un oeil sur le projecteur, l'autre sur l'écran.
Si, si, on y arrive.
*
Best of de l'été.
Ça fait un peu prétentieux, mais j'aime bien.
Article déjà paru le 21 septembre 2007.